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Chroniques du règne de Manu 1er dit l’Infaillible

Chronique du vingt neuvième jour du mois de janvier de l’an de disgraĉe 21

Où il est question de diversion, de fébrilité et d’une grande vacuité….

Le Roy était en grand conciliabule avec Son Conseil de Défense. Alors qu’il avait été urgent toute la semaine de faire se languir ces maudits Riens et Riennes sur ce qui les attendait – pour couper court à la cacophonie qui avait commencé de se faire entendre, on avait formellement proscrit toute parole aux Chambellans hormis à Monsieur le Chevalier d’Alanver – voilà qu’il plaisait tout soudainement à Notre Capricieux Bibelot de convoquer séance tenante au Château le fort ennuyeux baron du Cachesex, le bouillant Gode-Froid, madame de la baronne de la Partmollie, madame la duchesse de la Bornée, monsieur le duc du Dard Malin, sans oublier le cacochyme baron du Truant et monsieur le baron Du Mert . Les autres Chambellans étaient devenus de simples accessoires. Sa Sourcilleuse Horlogerie ne prenait désormais plus conseil qu’auprès de cette vieille garde. Des médisants firent remarquer que monseigneur le duc de la Blanche Equerre ne comptait pas au nombre des élus. Il se disait que le Roy lui battait froid depuis que monseigneur le duc avait sottement refusé de jeter le gant face à madame la baronne de la Patronnesse. Qui doncques porterait les couleurs de la Faction de la Marche au Grand Tournoi des Provinces ?

Les gazetiers étaient sur les dents. Dans tous les salons des Lucarnes Magiques, on supputait, on pérorait, on tergiversait. On déversait des montagnes de chiffres. On commentait jusqu’à la moindre virgule des propos de Monsieur le Chevalier d’Alanver, lequel avait dit tout et son contraire au cours d’une longue et verbeuse harangue. Les Dévôts avait eu une idée de génie : puisque les Riens et les Riennes grondaient à l’idée d’un troisième Grand Confinement, ils susurrèrent au Roy qu’il fallait tout simplement «inventer un nouveau Confinement » mais ne point le nommer « confinement ». L’idée était lumineuse et Notre Glorieux Pipoteur loua ses braves conseillers de le servir aussi bellement.

Dans la bonne ville de Massalia, le professeur Klorokine fulminait : « On ne va pas proposer à toute la population de vivre entièrement cloisonnée tout le reste de l’histoire de l’humanité !  on va rendre tout le monde fou ! ». Dans les chaumières, ces paroles mirent du baume. Les gazetiers annoncèrent pieusement que le Premier Grand Chambellan se ferait le héraut des décisions royales dès lors qu’il plairait à Sa Divine Hauteur que les dites décisions fussent portées à la connaissance du vil peuple. La veillée commençait mal.

Les Riens et les Riennes qui s’étaient bravement postés devant leurs petites lucarnes magiques, au fond de leur chaumines, pour écouter le Premier Grand Chambellan, en revinrent tout ébaubis, les jambes flageollantes et la cervelle toute tourneboulée. Ils avaient vécu une expérience considérable : celle de la traversée du Vide. On n’en revenait point indemne.

Nul ne pouvait les comprendre tant c’était là chose inouïe. On les pressa de raconter. De quoi se souvenaient-ils ? Certains bredouillèrent qu’il serait désormais interdit de planter un clou car on ne pourrait plus s’en procurer. D’autres – des sanglots dans la voix- narrèrent que les familles ,dont c’était l’unique distraction, ne pourraient plus flâner dans les allées des halles couvertes, car on fermerait impitoyablement ces lieux de débauche. On compterait fort chichement le nombre de manants autorisés à faire leurs emplettes dans les grandes échoppes, ce qui ne manquerait pas de provoquer des huées et des cohues dont les miasmes – lesquels devenaient cosmopolites- étaient si friands. Il se murmura aussi que la maréchaussée traquerait férocement les bambochards et autres inconscients dont la folie mettait en péril les magnifiques et saines dispositions voulues par Sa Doucereuse Malveillance. D’aucuns se gaussèrent : comment les argousins pourraient-ils se traquer eux-mêmes ?

Les plus étourdis de cette expérience du néant furent les maîtres des escholes. Rien. Ils n’avaient rien à raconter, les malheureux, car d’eschole, il n’en fut point question.

« Errare humanum est perseverare diabolicum » . Ce n’était point les miasmes qui étaient – aux dires de ce bon monsieur du Défraichis, le Grand Sachant du Roy – diaboliques, mais les menées de Celui qui décidait de tout mais n’était responsable de rien. Grâces Lui soient rendues. Amen.

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