Quelques brèves publiées de la plus récente à la plus ancienne…
« Il fallait punir les Massaliotes qui avaient commis deux crimes irréparables : choisir une Jardinière comme Bourgmestresse et aduler le Professeur Klorokine, que l’on appelait aussi le Savant de Marseille ou encore Monsieur House, cet arrogant qui se vantait de traiter les malades de la grippe pangoline à l’aide d’une antique potion dont il fallait dire le plus grand mal si l’on voulait être bien en cour. Les Conseillers du Roy, entraînés par le Chevalier d’Alanver, lequel haïssait le professeur Klorokine, suggérèrent qu’on remît cette ville de renégats et de vauriens sous le régime du Grand Confinement. Madame Rubirolus s’y opposa fermement. Flanquée de la baronne Tine de La Vasse et du Savant Monsieur House, elle fit entendre devant un parterre de gazetiers tout ouïe une parole forte et claire, déplorant que le gouvernement de Notre Petit Démiurge décidât de tout depuis la capitale, au risque de précipiter à la faillite tous les estaminets et les gargottes de la cité. Elle affirma aussi que l’on ne pourrait indéfiniment suppléer aux grands manquements de l’Etat. On crut sur parole Madame Rubirolus. N’était-elle point médicastre elle même ? La bonne ville de Massalia avait désormais son Savant et sa Bonne Maire pour veiller sur elle. »
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» Le gouvernement de Notre Doucereux Philanthrope rendit obligatoirement payante l’école que Messieurs Ferry et consorts avaient voulue nécessairement gratuite. Les parents des escholiers devraient sur leurs maigres deniers les munir de masques, lesquels étaient devenus, selon le duc de la Blanche Equerre, Grand Chambellan de l’Instruction, des « fournitures » au même titre que les crayons et les trousses. Pour faire taire les protestations, ce fut le baron du Cachesex en personne qui s’en vint dans les salons de la Gazette la Nechionne pontifier sur ce qu’il nomma « la philosophie » de Sa Hauteur Enneigée. Il était inconcevable que l’on pourvût aux besoins de ceux qui n’étaient point des nécessiteux. Quant à ces derniers, il n’en fut jamais question. Ce que l’on ne nommait pas n’existait tout simplement pas. C’était du reste pour cette raison que le Roy avait mandé expressément que l’on parlât en continu de l’épidémie de grippe pangoline. «
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« Les Riens et les Riennes, sommés par Notre Grand Tout, de porter en toutes occasions la petite barrière de papier ou d’étoffe censée arrêter les miasmes terrifiants, songeaient amèrement à l’époque bénie où l’on se gaussait de Madame de Sitarte, laquelle avait déployé force laborieuses explications pour justifier qu’on n’eût point rendu obligatoire le port de cet accessoire parce qu’on en manquait. A voir comment les unes et les autres usaient maintenant de cette muselière – on la mettait, on l’enlevait en se grattant frénétiquement le nez, on l’enfouissait au fond de la poche, on l’arborait qui au poignet, qui au menton- il apparaissait impitoyablement que la bonne duchesse avait été depuis le début dans la clairvoyance. Les masques ne servaient à rien hormis à vérifier le degré de soumission et à engraisser juteusement les familles du Grand Négoce. »
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» Les miasmes de la grippe pangoline, qui n’avaient jamais fait leurs bagages, avaient profité de l’été et des retrouvailles familiales pour se trouver de nouveaux hôtes. La chose n’avait rien de surprenant mais le gouvernement de Notre Poudreux Calculateur déclara que la situation était dramatique. Les gazettes firent courir les informations les plus folles. On évoqua le spectre du Grand Confinement. Les masques, ayant longtemps subi l’opprobre des medicastres de salon, lesquels étaient maintenant devenus leurs plus fervents partisans, furent rendus obligatoires par décret dans les bonnes villes de Lutèce et de Massalia. Les grands rassemblements furent proscrits, on en limitait de façon fort drastique la jauge de cinq mille âmes, hormis sur le domaine du marquis Le Joli de la Vile-Raie où se déroulaient depuis le début de l’été de grandes festivités. On y autorisa tout au contraire le dépassement. Le Gouverneur du Roy la fit quasi doubler. Les miasmes circulaient hardiment dans les cours et les jardins du domaine mais on se gardait bien d’y pratiquer le moindre écouvillonage. Le marquis comptait parmi les grands favoris de Sa Fraiseuse Altesse. Nul ne devait lui nuire sous peine de se voir infliger un embastillement en règle.Dans la bonne ville de Massalia, la nouvelle Bourgmestresse, Madame Rubirolus enjoignit la baronne Tine de La Vasse, dont c’était là la prérogative due à sa charge de Présidente de la Métropole, d’augmenter le nombre de carrioles communes, afin que l’on n’eût pas à s’y entasser les uns sur les autres. La baronne, qui n’avait plus toute sa raison depuis sa lourde chute au Tournoi des Bourgmestres, lui répondit fort aigrement que les miasmes ne prenaient jamais les carrioles communes. Le Grand Gouverneur, représentant le Roy, fit savoir à la baronne qu’elle déraisonnait et qu’il lui faudrait sans tarder se purger avec quatre grains d’héllébore. Ainsi en allait-il au Royaume du Grand Cul-par-dessus-Tête, en ce seizième jour du mois d’août. »
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La petite marquise de Pompaguili, Grande Jardinière de la Starteupenéchionne, avala ses premières couleuvres. Ayant de façon fort inconsidérée voulu faire interdire un poison qui tuait les abeilles, elle se trouva incontinent sommée de surseoir à cette décision par Sa Turpide Connivence en personne, Laquelle avait entendu la plainte de ses bons fermiers planteurs de betteraves. La marquise – qui avait été choisie par Notre Poudreux Bibelot pour sa docilité et la grandeur de son gosier -, s’exécuta.
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