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Chronique du règne de Manu 1er dit Le Masqué.

Chronique du 2 du mois d’avril de l’an de disgrâce 20..

Sa Machiavélique Petitesse avait dépêché une nouvelle fois son Premier Grand Chambellan à la barbe mitée gloser dans une Lucarne Magique. Monseigneur le duc du Havre était non seulement rongé aux mites, il était aussi calciné, mais de cela, Notre Cynique Calculateur n’en avait cure. Il ne songeait qu’à une chose : se remettre en scène pour le Tournoi de la Résidence Royale et l’emporter à nouveau, dût-il pour cela mentir effrontément. Ce tropisme était chez ce Prince une seconde nature. Le mensonge sortait de sa bouche comme les sottises de celle de Madame de Sitarte, laquelle venait du reste d’être sacrifiée sur l’autel de la raison d’Etat. Elle se morfondait au fond d’un cabinet, méditant amèrement sur la façon dont il convenait de forger des menteries sans que cela ne déclenchât une émeute à chaque fois. Quant au Premier Grand Chambellan, on en userait comme on vidait les tonneaux, jusqu’à la lie, qu’on lui ferait boire en sus. Sa Sirupeuse Malveillance s’était arrogée la divine mission de rassurer ses bons-à-rien de sujets, au Grand Chambellan revenait celle de faire accroire que les fadaises servies à l’heure du souper étaient paroles d’évangile.

Monsieur du Havre fut doncques soumis une nouvelle fois à la question. De son interminable logorrhée, on retint ceci : diguedondaine, diguedondon, les digues point ne cèderont ! Déconfinerait-on ? Ecouvillonnerait-on ? Qui ?Quand ? Comment ? Devant toutes ces lancinantes questions, monseigneur le duc feinta, finassa, tergiversa, dérangeant au passage ses mites. Il se perdit en circonvolutions pour finalement asséner à ces enfants capricieux qu’étaient les Riens et les Riennes, et qu’il convenait de châtier comme il se devait : « le virus point ne part en vacances, il ne doit donc pas y avoir de départ en vacances, la maréchaussée punira impitoyablement tout contrevenant. On les mettra aux fers. » Quant aux futurs bacheliers et bachelières qui se rongeaient les ongles et les sangs, et parmi eux, le propre rejeton de monseigneur le duc, on ne savait point ce qu’il adviendrait d’eux, hormis qu’il était exclu qu’il pût se passer ce qui ne se serait point passé, puisque tout avait été mis cul par dessus tête par les soins du Chambellan à l’Instruction. L’affaire allait donc lui revenir et il ferait ce pour quoi on l’avait choisi : instruire rectalement et en profondeur, afin qu’il en sortît une machinerie encore plus complexe que celle qu’il avait forgée – contre laquelle les professeurs avaient lutté avec force-, et qui achèverait de réduire en charpie l’avenir des jeunes Riens et des jeunes Riennes. Hormis bien entendu celui du fils de monseigneur le duc, pour qui, comme pour d’autres bien nés et bien fortunés, les portes des grandes escholes s’ouvriraient tout grandes.

D’aucuns se plurent à penser que le Grand Chambellan avait éclairci l’horizon, qu’il avait réellement fait œuvre de « pé-da-go-gie ». Las ! Il fallut déchanter bien vite. On était toujours grosjean comme devant. Dans cette épidémie, la Starteupenéchionne naviguait à vue, sans boussole, sans cartes, sans direction. On jetait les morts par-dessus bord, en « oubliant » d’en compter les plus vieux, et on ne savait dire combien de temps encore durerait cette tragique traversée. Un gazetier, non nourri aux croquettes celui-là, qui s’était fait de son métier une haute et belle idée, et répondant au nom de monsieur Faubertus, résuma d’une phrase ce qu’il convenait de comprendre : « la pénurie des masques nous a conduit au confinement, la pénurie de tests va, à présent, nous y maintenir . »

Y aurait-il une affaire des écouvillonnages comme il y avait désormais une affaire des masques ? Celle-ci éclatait au grand jour. Notre Médiocre Tartarin avait eu beau mettre en garde contre les « irresponsables qui intentent des procès », et ce « alors même que nous n’avons pas encore gagné la guerre » – cette dernière circonstance prononcée sur un ton fort zézayant autant que martial, la gazette de Monsieur Plénus avait vaillamment et insolemment dévoilé le pot-aux-roses. L’incurie et l’impréparation du gouvernement de Sa Grandiose Débâcle – pour mener ce qui avait été qualifié à six reprises de « guerre » dans le discours du seize mars – étaient patentes, le mot était faible. « 

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