Brève du 19 novembre
Le Grrrrand Chef de la maréchaussée de la capitale, le sieur Teutonique, défrayait les réseaux sociaux. Il venait de mener, le samedi qui précédait, un nassage des Engiletées qui, s’ils et elles avaient caché leurs gilets pour ne pas se faire mettre en geôle, n’avaient toujours point remisé leur colère. Cette opération ferait date, tant elle se caractérisait par sa fourberie et son cynisme, qualités que ce grand serviteur de la StartupNechionne cultivait à l’excès et qui l’avaient amené à se remarquer auprès de Notre Sanglant Jupithiers. Après avoir autorisé la manifestation, le machiavélique Teutonique attendit que tous ces séditieuses et séditieux eurent commencé à se masser sur la Place d’Italie, où l’on avait volontairement laissé des engins de toute nature – de sorte que les Encagoulés, dont on se demandait à chaque fois s’il s’agissait de véritables argousins en service, ou d’ anarchistes bien décidés à en découdre – purent trouver de quoi alimenter les gazettes friandes en scènes de violence. Puis cet impitoyable officier des basses-oeuvres décréta que la dite manifestation était interdite. Il ordonna à ses troupes d’arrêter tous et toutes celles qui se trouveraient encore là. Comme il était impossible de quitter la place, les argousins s’en donnèrent à coeur-joie. Beaucoup crurent leur dernière heure arrivée. Au Château, Son Huileuse Trouille se satisfaisait d’avoir de tels zélés suppôts au service de son noir dessein : plus il y en aurait d’effrayés, de mutilés, d’éborgnés, de gazés, moins ils seraient à ressortir le samedi qui suivrait. Une Rienne osa faire état devant le sieur Teutonique de sa condition d’Engiletée. Il lui fut répondu avec une hargneuse morgue « Alors, médèèèème, nous ne sommes pas dans le même camp ». La guerre au peuple était bel et bien déclarée et Notre Malveillant Saigneur avait trouvé son général.