Jeudi 24 avril a eu lieu la troisième séance du conseil d’arrondissements des 15 et 16èmes. Au menu, onze rapports à approuver, avant qu’ils ne passent ou repassent en conseil municipal. Rappelons que le conseil d’arrondissements n’a qu’un rôle consultatif.
Il convient toujours en début de séance d’approuver au préalable les comptes rendus des séances précédentes. Cette formalité a donné lieu à un petit échange entre la Maire et M.Cupolati, l’un des conseillers FN qui s’est un peu emmêlé les pinceaux en annonçant que le groupe FN allait s’abstenir sur ce compte rendu. Mme Ghali ne cache pas son hilarité, elle se paye littéralement la tête de Cupolati. Le FN va s’opposer à chaque fois ? Mais là, c’est ce qui a été dit, ça a été retranscrit par la sténotypiste…Les choses rentrent dans l’ordre, les deux compte rendus sont adoptés, à l’unanimité. Viennent le tour des rapports suivants sur le compte d’exécution de l’année dernière et les frais protocolaires, rapports financiers donc. Jean Marc Coppola demande à Madame le Maire, qu’en sa qualité de parlementaire, elle agisse pour que les mairies de secteurs deviennent des mairies de plein exercice. C’est là une remarque politique fait savoir le premier adjoint. Eh oui, le FDG fait de la politique …ce n’est pas le cas des conseillers FN qui entendent bien jouer leur partition, soigneusement écrite à l’avance. Cupolati veut à tout prix s’exprimer pour faire savoir pourquoi ils vont voter contre ces rapports financiers « sans état d’âme » (on ne leur en savait pas une..) et là encore Ghali ne perd pas l’occasion de lancer une pique : « il existe des formations d’élus pour apprendre à manier les chiffres » lance-t-elle à l’intention de Cupolati et consorts. Vient le tour de Mme Aucouturier d’expliquer pourquoi donc le FN votera contre le rapport sur les frais protocolaires : elle appelle à faire des « coupes drastiques au regard de la situation économique et surtout celle de la Ville ». C’est Nadia Boulainseur cette fois qui se charge de répliquer et l’affaire est facile quand on sait que Ravier, nouveau maire du 7ème secteur est déjà réputé pour avoir tout à la fois refusé la dotation de la Ville et s’être présenté le premier à la Mairie centrale pour savoir où se trouvaient son chauffeur et sa voiture de fonction … « C’est du populisme au dernier degré » tonne Mme Boulainseur. Jean Marc Coppola renchérit : « vous voulez qu’on se serre encore plus la ceinture quand il s’agit de l’intérêt général, en revanche, sur le TAFTA, le FN a voté contre le fait de se mettre hors zone de ce traité, vous êtes pour les cadeaux aux grandes entreprises ». Madame le Maire, elle, fait valoir qu’ un million et demi de report c’est une gestion sérieuse, « chaque dépense est vérifiée par un cabinet d’avocats conseils pour savoir si c’est conforme au droit » elle tâcle encore une fois le FN « je suppose que ceux qui ont voté contre ne viendront pas aux manifestations organisées par la mairie .. » avant d’énoncer ces propos que n’aurait pas renié feu Michel Debré « nous sommes pour la procréation, on est pour les bébés » en faisant allusion au « doudou » remis par l’Etat Civil du secteur aux parents des nouveaux-nés inscrits sur le registre. « Je ne suis pas pour qu’on tombe dans le misérabilisme, nous savons recevoir » conclut la dame.
Sur le 4ème rapport, concernant le dispositif d’aides à la rénovation des devantures commerciales (FISAC, autrement dit Fonds d’intervention pour les services artisanaux et de commerce), c’est au tour d’un 3ème conseiller FN, le dénommé Guy Bertran de Balanda de qualifier le dossier de « nébuleux ». Rien de nébuleux là-dedans lui sera-t-il répondu, mais la maire une fois encore monte à la charge, inutilement cette fois puisque comme un seul homme, la nébulosité de l’affaire ayant été levée, les conseillers FN approuvent le rapport.
C’est Mme Boulay, EELV, qui présentera le 5ème rapport, qui n’est du reste là que pour présentation : il s’agit de la situation de la ville de Marseille en matière de développement durable pour 2013. Un véritable foutage de gueule de la part de la mairie centrale que Mme Boulay explicitera fort clairement en le qualifiant d’ « inquiétant ». Seul le groupe « En Avant Marseille », autrement dit la majorité de Gaudin, votera pour ce honteux satisfecit.
Les rapports 6, 7 et 8 sur les unités d’hébergement d’urgence vont permettre, à la suite de la très maladroite intervention de Lydia Frentzel, EELV au FN d’opiner du bonnet : ils ne peuvent qu’approuver les propos de Mme Frentzel qui pointe « les problèmes que posent les SDF » pour qui ont été réquisitionnés comme hébergement de nuit deux gymnases scolaires. La concentration de « tous les problèmes au même endroit » est évidemment un souci majeur. Comment gère-t-on la pauvreté à Marseille, en la concentrant sur une zone d’un km de long dans le 15ème, demande Mme Frentzel. Mme Fructus prend la parole pour rappeler que tout cela (les SDF comme les « populations roms » relève des compétences de l’Etat. Devant le tour que prennent les échanges, le FN semblant boire du petit-lait, je me décide à demander la parole, que j’obtiens aussitôt. Je rappelle que nous parlons là d’êtres humains qui ont eu un jour un toit, un travail, une famille, que la misère est le résultat des politiques austéritaires, tant ici en France que dans toute l’Europe, et qu’il faut s’attendre à ce qu’il y ait chaque jour hélas davantage de sans-abri. Deux conseillers FN, dont M.Marandat m’interrompent alors violemment. Manifestement, mes propos les dérangent, il est plus facile de faire du populisme à deux balles sur les frais protocolaires…
En conclusion de cet échange, Mme le Maire rappellera à Mme Fructus que c’est bien la Ville de Marseille qui désigne les lieux d’abris, et qu’en la matière pour le 15ème, trop c’est trop, ce que selon elle aurait reconnu Michel Bourgat, à la conférence des maires de secteur, qui ne « serait pas trop aidé par ses collègues à la ville ». Mme Ghali a demandé, dit-elle, que « l’accueil de la misère soit partagé ». Quant à débattre de pourquoi cette misère, cela passe par pertes et profits pour l’assemblée, me dis-je à ce moment-là, la grande pauvreté semble être acceptée comme une fatalité, le rouleau compresseur du néolibéralisme a ravagé aussi les cerveaux de certains élus … la guerre des pauvres contre plus pauvres qu’eux est une nécessité pour le système, et cette nécessité semble être bien intégrée !
Marandat rumine sa réplique pendant que l’on débat des rapports 9 et 10, l’un sur une convention passée avec la société Solar System Marseille pour l’installation de panneaux solaires sur des toits d’école (où l’on apprend au passage que la société en question n’a plus aucun siège ici, qu’on ne sait pas trop où elle fait fabriquer son matériel, mais qu’à cela ne tienne, encore une fois cela passe, exemple de transfert pas trop regardant à une entreprise privée), l’autre sur la création d’un poste de médiateur. M. Marandat demande la parole, mais ce n’est pas pour intervenir sur l’un ou l’autre des rapports, non, c’est pour « appeler un chat un chat » et de me fusiller du regard (les quatre élus FDG sont face aux cinq du FN dans la disposition en U de la salle) : « c’est à cause de vous, des lois que vous avez votées, de l’immigration que vous avez permise, c’est l’immigration qui est responsable de toute la misère » vocifère-t-il, répétant en boucle ses proférations haineuses.
Le matin même, le maire du 7ème secteur était allé provoquer les habitants de la Busserine après le meurtre d’un jeune type de 25 ans sous les fenêtres de sa mère.
Les vieilles lunes sont toujours là, nous n’en n’avons jamais douté, et le combat sera rude.